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1 septembre 2006

Un homme

En ce moment je suis en train de lire "Passagère du silence" de Fabienne Verdier (Dix ans d'initiation en Chine) (éditions Albin Michel). C'est un livre que je conseille à ceux qui veulent comprendre ce que c'est que la détermination et l'engagement (ici à la peinture); et également à ceux que la Chine fait rêver (voir aussi - LIENS, le blog de Gilles Sabrié en Chine depuis mars 2006).
Je signale ce livre notamment aux créateurs car il suggère bien que la peinture n'est pas seulement une histoire de technique, de connaissance ou même d'apprentissage mais bien une histoire d'âme et n'ayons pas peur des mots, de spiritualité libre.

bouddha_homme_copie JP - Bangkok, Méry sur Oise - 1997, 2004


Visage marqué. Allure de sauterelle. Souplesse saccadée. Envie de rire et de pleurer.
Il pousse un charriot. Des cartons et des morceaux de verre.
Un homme.

Aujourd'hui il a mis un tee-shirt blanc.
Lorsqu'il me voit, il sourit et il fait "chut". Dans la cabane, sa femme, qui ne peut plus marcher, dort.
Je m'assois. Il va dans la pièce voisine, il revient un album dans les mains:

Sur la première page, des bouddhas dans des habitacles en forme de petits triangles.
Sur la deuxième page, il n'y a rien de visible. Pourtant ses mains et son regard s'attardent et cherchent ce que je ne vois pas.
Sur la troisième page, toujours rien. Je m'interroge: quoi?
Sur la quatrième, des centaines de petits bouddhas marrons et ocres, peut-être deux centimètres de haut, toujours dans des réceptacles adaptés.
Sur la cinquième page vierge, le murmures de nos rêves?
Sur la sixième page, une femme, je questionne: qui est-ce?
Sur la huitième, encore
Sur la neuvième, le silence.
Sur la dixième, sans inscription, suis-je capable de voir l'immensité des disparus?

L'homme continue à touner les pages. Longtemps.
Sur une nouvelle page, la photographie noir et blanc d'une femme très belle.
Je sais que je ne la connais pas mais ne cherche plus à savoir qui elle est.
En vis-à-vis, une photographie de la Reine, très belle aussi.
Les yeux de l'homme s'attardent, de le même manière.
Sur l'avant-dernière page, des bouddhas.
La dernière est d'un noir absolu.

Alors les mains referment l'album et le tiennent serré sur la poitrine.
Le silence dure. Les lèvres sourient. Et puis l'homme ouvre de nouveau l'ouvrage.
Sur la première page, des bouddhas dans des petits triangles. Sur la deuxième page, il n'y a rien de visible.
Pourtant ses mains et son regard s'attardent et cherchent ce que je ne vois pas. Il continue à tourner les pages.
Bouddhas, femme, Reine, bouddhas, silence. Qu'y a-t-il à comprendre? Dernière page noire, silence encore.
Album serré dans les mains, contre la poitrine.
Et de nouveau..., encore une fois.
Et à chaque fois, le noir qui s'anime, le noir qui devient sens.
Combien de temps?
Le sens, c'est tout.
Révélation muette où le mensonge est impossible.

JP - Méry sur Oise - 1998 - repris en 2004


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  • Art, misère, engagement. Un blog tout en couleurs, poésies et interrogations sur l'extrême pauvreté dans le monde. Un blog sur la nécessité de l'engagement personnel. Des témoignages sur la lutte, l'espoir, la joie et la force de la vie.
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